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Même s’il est difficile techniquement et psychologiquement de conserver les preuves du harcèlement en ligne, l’enregistrement des emails, messages vocaux, captures d’écran et liens cliquables est d’une importance capitale en cas de cyberharcèlement.

Documenter le cyberharcèlement permet de conserver des éléments sur ce qui s’est passé, de garder une trace des informations disponibles sur les cyberharceleurs et d’en savoir plus sur leurs tactiques. La documentation peut aussi aider à faciliter les discussions avec vos ami(e)s et votre famille, pour mieux leur faire comprendre ce que vous vivez. Elle est absolument essentielle si vous décidez de faire remonter les signalements des abus, d’informer votre employeur, de faire un signalement aux forces de l’ordre ou d’intenter une action en justice contre des cyberharceleurs.

« Pour accompagner les femmes victimes du harcèlement en ligne, nous saisissons les commissariats et enclenchons des procédures au niveau du Parquet. Mais sur l’ensemble des cas qui ont pris contact avec nous, seulement deux ont obtenu gain de cause. Elle avaient pu fournir des preuves tangibles de leurs accusations à la justice, contrairement aux autres cas dont les procédures n’ont pas abouti par manque de preuves, explique Blandine Yaya Sintondji, Juriste et Présidente du Réseau paix et sécurité pour les femmes de l’espace CEDEAO, section du Bénin (RESPECO-Bénin). La documentation est déterminante dans la lutte contre le cyberharcèlement. »

La documentation peut être un processus chronophage, et difficile à vivre. Si vous êtes confronté(e) à un échange en ligne particulièrement traumatisant, peut-être souhaiterez-vous faire appel à une personne de confiance pour vous aider à conserver les preuves.

Quelles informations documenter?

Lorsque vous avez besoin de conserver des preuves du harcèlement qui vous vise ou cible une autre personne, assurez-vous d’inclure les éléments suivants:

  • Date et heure
  • Type de communication (message direct, image publiée, commentaire sur les réseaux sociaux, etc.)
  • Plateforme, nom du site web ou de l’application
  • Identifiant, nom d’utilisateur
  • Nature de l’incident en ligne (menace de violence sexuelle, attaque à caractère raciste, etc.)
  • Liens (vous pouvez utiliser Archive.is pour conserver une adresse URL)
  • Capture d’écran (n’oubliez pas de faire la capture d’écran avant de signaler le contenu comme abusif, au cas où il serait retiré)
  • Vous pouvez ajouter d’autres remarques, telle que la tactique utilisée (voir le Glossaire de PEN America sur le cyberharcèlement), la fréquence des attaques, ou des éléments de contexte (le cyberharcèlement fait-il suite à une publication, a-t-il été amplifié par un message critique posté par un compte influent, etc.)

Que faire si vous avez réagi avec virulence face à vos cyberharceleurs?

Lorsque vous documentez des cas de harcèlement en ligne, assurez-vous que vous enregistrez toutes les preuves pertinentes et pas seulement les preuves qui vous présentent sous un angle favorable. Par exemple, si vous avez utilisé un langage potentiellement offensant au cours d’un échange en ligne que vous prévoyez de documenter, assurez-vous d’inclure également ces aspects de l’échange.

Certes, vous regrettez peut-être d’avoir dit certaines choses, mais le fait de ne pas documenter tous les aspects de votre harcèlement pourrait finir par vous nuire si jamais vous vous retrouvez au tribunal. Rassurez-vous: vous n’avez pas à prouver que vous avez bien réagi à chaque étape pour poursuivre votre harceleur. Consultez nos conseils sur la manière de contrer les discours des cyberharceleurs pour en savoir plus.

Du point de vue légal et judiciaire, les données exactes dont vous avez besoin sont susceptibles de varier. N’hésitez pas à vous renseigner auprès d’une organisation de défense des écrivain(e)s, des journalistes, des blogueurs(euses) et activistes ou d’un(e) avocat(e) pour obtenir des conseils sur ce qu’il en est dans votre pays. Consultez notre liste de ressources et d’organisations susceptibles de vous venir en aide.

Astuces pour réaliser des captures d’écran

La plupart des appareils, y compris les ordinateurs, les smartphones et les tablettes, ont une méthode par défaut pour capturer des images directement à partir de votre écran. Voici également des explications pour savoir comment prendre, étape par étape, des captures d’écran sur vos appareils les plus couramment utilisés:

Une fois capturées, ces images doivent être enregistrées dans un fichier facile d’accès. Vous pouvez également imprimer des captures d’écran pour la documentation papier, ce qui est utile si vous déposez plainte à la police, pour monter un dossier avec un(e) avocat(e) et/ou obtenir une injonction permettant de tenir à distance votre agresseur. Si les fichiers contiennent des éléments sensibles, tels que des photos sexuellement explicites, vous préférerez peut-être enregistrer ces fichiers sur des disques durs externes cryptés plutôt que sur un service cloud.

Documenter le harcèlement téléphonique, sur les réseaux sociaux, via email et messageries privées

  • Les emails. Les emails contiennent des informations importantes qui, dans certains cas, peuvent aider les forces de l’ordre à identifier un expéditeur. Lorsque vous documentez un email de harcèlement ou de menace, veillez à enregistrer l’en-tête qui contient l’adresse IP. (Les informations IP se trouvent généralement entre crochets, par exemple: [129.131.1.3]) Cet article propose de vous guider étape par étape, pour localiser les adresses IP et l’expéditeur d’un email sur Gmail, Yahoo Mail, Hotmail, et Outlook. Attention à ne pas transmettre l’email d’origine à qui que ce soit, car vous pourriez perdre définitivement l’adresse IP d’origine. En lieu et place, copiez et collez le contenu de l’email incriminé lorsque vous souhaitez alerter les autres sur les messages nuisibles qu’il contient.
  • Les messages envoyés sur les réseaux sociaux. La plupart des plateformes proposent de suivre des étapes pour signaler les abus, mais il est toujours important d’enregistrer des captures d’écran – et des liens si possible – afin de conserver une trace du harcèlement, en particulier dans les cas où le contenu incriminé finit par être supprimé par l’utilisateur d’origine ou la plateforme. Si c’est une publication sur Facebook, on peut aussi archiver le lien.
  • Textos, messages privés (WhatsApp, etc.) et appels téléphoniques répétés. Parfois, le harcèlement en ligne peut se produire via SMS, messages privés envoyés via WhatsApp ou appels téléphoniques. Assurez-vous de prendre une capture d’écran du SMS ainsi que les informations de contact disponibles sur l’expéditeur, et n’oubliez pas de consigner la date, l’heure et le numéro de téléphone de tous les appels téléphoniques et SMS menaçants.