Si vous voulez vous protéger au mieux face au cyberharcèlement, créer une cyber-communauté solidaire d’ami(e)s, de collègues et d’allié(e)s numériques pour vous soutenir en cas d’attaque en ligne peut être utile.
Vous pourrez vous appuyer sur ces groupes, à mettre en place en amont des attaques, si les abus en ligne s’intensifient ou deviennent publics.
1. Identifiez vos soutiens
Si vous êtes souvent sur les réseaux sociaux, il est probable que vous apparteniez déjà à un ou plusieurs fils de conversation, groupes Facebook ou forums en ligne dédiés aux sujets qui vous intéressent et sur lesquels vous écrivez. Ces réseaux sociaux organisés sont des communautés cruciales à exploiter si vous êtes attaqué(e) en ligne ou si vous souhaitez soutenir d’autres personnes ciblées par le cyberharcèlement.
Si vous n’êtes pas très présent(e) sur les réseaux sociaux ou dans les forums de discussion, mais que vous souhaitez trouver une communauté en ligne, commencez par vos relations dans le monde physique. Envoyez un message à vos ami(e)s écrivain(e)s, journalistes ou blogueurs(euses) ou un email aux groupes professionnels, éditoriaux et/ou association d’ancien(ne)s élèves dont vous faites partie et demandez-leur s’ils appartiennent à des communautés en ligne à la recherche de nouveaux membres.
Vous pouvez aussi lancer votre propre groupe en ligne! Les potentiels réseaux à exploiter comprennent:
- Toute publication qui a déjà repris votre travail, en ligne ou hors ligne.
- Vos soutiens et/ou lecteur(trice)s qui suivent votre travail.
- Journalistes, blogueurs (euses), rédacteur(trice)s en chef, activistes, chercheur(euse)s avec lesquel(le)s vous avez peut-être travaillé dans le passé.
- Ancien(ne)s camarades de classe ou de promotion.
- Anciens membres d’un atelier d’écriture auquel vous avez assisté.
- Une liste des participant(e)s rencontré(e)s lors d’une récente conférence de presse.
- Tout groupe spécifique auquel vous appartenez, et dont les membres partagent une caractéristique religieuse, ethnique, culturelle, politique, physique, sexuelle, idéologique ou autre qui vous tient à cœur.
2. Publiez un message à l’attention du groupe au sujet du cyberharcèlement
Il est important que les communautés en ligne comprennent les implications du cyberharcèlement avant qu’il ne commence. Si vous faites confiance à un groupe particulier en ligne, ou au moins à quelques-uns de ses membres clés, pour vous soutenir la prochaine fois que vous êtes attaqué(e) en ligne, n’ayez pas peur de publier un message contenant les points suivants:
- Une reconnaissance explicite que le cyberharcèlement existe et est extrêmement problématique pour un dialogue en ligne productif dans n’importe quel forum en ligne.
- Une brève anecdote sur la façon dont le cyberharcèlement vous a personnellement touché(e), pour vous aider à personnaliser et à raconter le problème (uniquement si vous êtes à l’aise pour partager ces informations).
- Un appel du groupe à l’action. Cela pourrait être une demande générale de la part des membres du groupe de maintenir la communauté comme un espace sans harcèlement. Ou vous pouvez publier une demande plus spécifique demandant aux gens de soutenir toute personne du groupe qui aurait besoin d’aide lors d’un épisode de cyberharcèlement.
- Les hashtags peuvent être utiles pour fédérer des communautés de soutien en ligne. Attention, les cyberharceleurs peuvent aussi tenter de détourner ces hashtags.
- Une demande de collecte de coordonnées de toute personne acceptant de figurer sur une liste de diffusion directe. Cette étape est plus délicate, car de nombreuses personnes auront de bonnes raisons de ne pas vouloir transmettre leurs coordonnées personnelles, en particulier à une personne qu’elles ne connaissent pas très bien. Mais s’il y a des personnes dans le groupe avec lesquelles vous avez des relations de confiance hors ligne, ou si les membres du groupe se connaissent et se font confiance, échanger les coordonnées peut accélérer le processus d’intervention en cas de cyberharcèlement.
N’oubliez pas: pensez à bien indiquer aux personnes qui souhaitent vous soutenir qu’elles peuvent aussi potentiellement être attaquées par les cyberharceleurs. Il s’agit là d’une conséquence potentielle pour les personnes qui affichent un soutien en ligne à une personne cyberharcelée – d’où l’intérêt d’élaborer une stratégie en amont et de prévenir les risques au maximum.
3. Créez un lieu dédié où les membres de votre communauté peuvent être facilement contactés en cas de crise
Ceci peut être un groupe Facebook privé, une liste de diffusion par email, une liste de distribution WhatsApp, etc. Dans certains cas, vous voudrez peut-être rédiger une note à l’avance pour la diffuser lorsque votre publication est mise en ligne et/ou que le harcèlement commence.
Exemple de note de crise: « SOS – Publication d’un article sur la politique des États de la CEDEAO face à l’immigration aujourd’hui. La dernière fois que j’ai publié sur ce sujet, j’ai été la cible d’une campagne de haine sur Twitter (des gens m’ont insulté, ils recherchaient mon adresse et se la faisaient passer). Quelqu’un peut-il accéder à la section des commentaires de l’article à 12h Temps Universel et écrire quelque chose de positif pour aider à donner le ton du fil de discussions? Vous n’êtes pas obligé(e) d’être d’accord avec ce que j’écris, mais tout ce qui est écrit sur un ton respectueux sans langage haineux aidera! ».
- Si vous savez que le sujet que vous couvrez est jugé controversé ou susceptible de provoquer des réactions abusives, contactez vos collègues journalistes et demandez-leur s’ils ou elles veulent bien publier un commentaire dès que l’article sera publié. Si les premiers commentaires dans un fil de discussion sont civilisés et polis, les messages qui en découlent sont plus susceptibles de prendre le ton de ces premiers commentaires. Les journalistes qui couvrent des sujets spécifiques devraient envisager de se regrouper avec des journalistes d’autres organisations de presse qui couvrent les mêmes sujets. Lorsque le harcèlement commence, vous pouvez rejoindre cette communauté pour participer à la conversation en ligne.
4. Rendez également service à votre communauté en ligne
Dans les moments plus calmes, lorsque vous n’êtes pas vous-même épuisé(e) par le cyberharcèlement auquel vous faites face, offrez votre soutien à d’autres journalistes, blogueurs(euses), activistes ou écrivain(e)s confronté(e)s à ce type de menaces. Lorsque les communautés numériques se réunissent pour lutter contre les comportements toxiques en ligne, cela permet de contrebalancer l’impact des individus perpétuant des campagnes de haine en ligne.
Les écrivain(e)s qui cherchent à entrer en contact avec d’autres écrivain(e)s peuvent rejoindre des organisations comme des Clubs d’Écrivain(e)s, qui ont souvent des groupes Facebook.
Pour plus d’informations sur la façon de mobiliser vos communautés de soutien en ligne lorsque vous faites face au cyberharcèlement, consultez notre page Mobiliser une communauté de soutien en ligne.